« L’expérience, c’est la somme des erreurs accumulées »
Cette phrase, c’est un confrère géomètre-expert qui me l’a partagée il y a peu, citant une saine philosophie de vie de son grand-père.
En France, l’erreur, on la redoute et surtout on la cache. Sans parler du trauma qu’elle nous cause, à nous GE, avec notre qualificatif « d’Expert » (sans faille et sans reproche…).
Pourtant, Edgar Morin le rappelle : dans un monde complexe et incertain, le contrôle total est une illusion. L’erreur devient alors un signal précieux : elle invite à ajuster, réfléchir, progresser.
Un enfant qui tombe en apprenant à marcher ne se sent pas fautif. Il se relève. Il recommence.

Et si nous regardions nos erreurs autrement ?
Non pas comme des échecs… mais comme les semences de notre expérience, comme les déchets qui nourrissent un terreau fertile dans lequel nous puisons plus de force pour demain ?
Dans notre métier retourner sur le terrain pour une omission lors d’un relevé, dresser un nouvelle fois un montage en copropriété par faute d’avoir bien compris et clarifié – avec de la pédagogie et de la vulgarisation – les attentes du propriétaire avant, réviser un projet d’aménagement suite au retour de l’expert environnement qui aurait gagné à être consulté en amont, s’apercevoir – grâce à une double vérification – d’une erreur de saisie de côte qui nécessite de refaire le dossier avant envoi au client…tout ça peut arriver.
Mais une fois l’erreur vécue (et digérée !), on ne la refait plus.
D’abord parce que l’expérience est très désagréable et ensuite parce que la répéter tiendrait de la négligence, de la faute.
En revanche, tant qu’on ne l’a pas faite, ou que quelqu’un qui l’a vécue ne nous en n’a pas raconté les conséquences, on n’est pas à l’abri de la commettre.
Et les neurosciences le confirment : notre cerveau apprend mieux en expérimentant et en corrigeant ses erreurs, plutôt qu’en évitant toute faute (Chialvo & Bak, Learning from Mistakes, 1997).
C’est pour ça que, depuis le début, à l’Atelier des Formations, nous demandons à nos formateurs géomètres-experts – qui ont été confrontés à des situations inédites sur leur domaine d’expertise- de partager leurs expériences et même leurs erreurs. Les stagiaires aussi racontent leurs difficultés et cherchent des solutions avec le groupe. Et cet échange d’égal à égal vaut bien plus qu’un cours théorique.

L’erreur, quand elle est partagée, devient richesse collective.
Et en parlant de richesse collective : combien d’erreurs ont aussi mené à des découvertes majeures, des chefs-d’œuvre artistiques, des inventions ?
On pense à Fleming et sa pénicilline, née d’une culture de bactéries « oubliée ».
Vous en avez d’autres en tête ?